Au cours de la conversation, abstiens-toi de t’étendre sur tes actions passées, sur les risques que tu as pris : car s’il t’est doux de te remémorer les dangers que tu as courus, le récit de tes aventures n’a pas les mêmes charmes pour les autres. Évite également de faire rire : car non seulement cela peut facilement tomber dans la vulgarité, mais cela risque, en plus, de faire abandonner à tes interlocuteurs leur retenue envers toi. Un autre terrain glissant, c’est quand on en vient à parler de choses obscènes. Quand cela se produit, si c’est possible, n’hésite pas à reprendre celui qui a commencé. Sinon, exprime au moins clairement, par ton silence, ta rougeur et ton air réprobateur, que cette conversation te déplaît. Quand il te vient l’envie d’un plaisir, comme pour les autres sortes de représentations, prends garde de ne pas céder à sa violence : laisse reposer la chose et accorde-toi un délai ; songe à ces deux instants : celui où tu goûteras le plaisir et celui où, après y avoir goûté, tu en auras le regret et tu t’insulteras toi-même tout bas. Oppose à cela la joie que tu éprouveras et les louanges que tu t’adresseras si tu t’abstiens. Si tu trouves opportun de passer à l’acte, fais attention de ne pas succomber à la douceur agréable et séduisante de la chose. Image, pour y résister, combien précieuse est la conscience d’avoir remporté cette victoire-là.